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Gouvernance Partagée : L’expérience de Coworking Pays basque

Gouvernance Partagée : L’expérience de Coworking Pays basque

Quelques repères

2012 – l’association Coworking Pays basque (CWPB) est créée avec l’aide de l’ANTIC

2015 – déménagement et transition vers une gouvernance partagée (GP)

2016 – agrandissement jusqu’à 500 m2 de bureaux

2018 – CWPB dépasse les 130 membres

2019 – 1ère formation organisée pour initier à la GP

2020 – CWPB co-fonde La Fabrique de Territoire La Belle Equipe avec 4 tiers-lieux du Béarn.

2022 – La Belle Equipe crée un parcours de découverte à la GP pour les tiers-lieux de la Région.

Pourquoi une gouvernance partagée ?

Passé l’enthousiasme de l’innovation et de la création, le dynamique bureau de l’association s’épuise petit à petit. Le CA est mobilisé pour imaginer des « pôles » d’activités, la présidence devient une co-présidence. Le partenariat financier avec les Collectivités ne prend pas, les fondateurs passent à autre chose. Paradoxalement, CWPB transmute cette situation. En 2015, nous décidons ensemble de réorganiser l’association autour de 3 piliers : Sa Raison d’être, le Pouvoir d’agir des coworkers et l’Agilité de l’organisation. Le bureau et le CA lâchent leurs rôles au profit de petits groupes de bénévoles, de réunions de coordination ouvertes à tous et de transmission conviviale aux nouveaux. Le dernier co-président accompagne cette évolution doucement. 7 années et une crise sanitaire plus tard, le bateau navigue toujours bien sans capitaine !

Avec le recul, qu’en pensent les coworkers ?

« Certes on est passé d’un statut classique à quelque chose d’horizontal », indique Stéphane Bourget, membre depuis 10 ans, « mais je pense qu’il y avait déjà cette intention d’horizontalité dès le départ.» Avis partagé par Raphaël Yharrassarry, ancien membre du CA qui ajoute : « La crise Covid nous a fait perdre en force de collectif, mais ça marche ! Même dans des turbulences aussi fortes ! Je pense que c’est plus robuste que d’autres types d’organisation ! »

Le rôle Administratif-Trésorerie est intéressant à observer, passé durant la décade de 2 à 10 personnes. Corinne Perron, Référente « Admin-Tréso » précise : « La clé pour la transition de ce rôle ce sont les compétences compta-gestion, organisation et contrôle interne. Il a d’abord fallu bien identifier chaque tâche et les liens entre elles afin que chaque bénévole ait un cadre clair et délimité à son action. Ensuite, transmettre ces processus tout en accompagnant chacun.e. est essentiel.» Raphaël souligne : « La difficulté c’est la transmission du savoir-faire, de l’historique, des règles de fonctionnement » Toutefois, pour Stéphane : « On finit par être beaucoup axé sur la gestion du quotidien, ce qui favorise une forme d’inertie. Certain.e.s nous quittent alors. On a besoin régulièrement d’une nouvelle impulsion. Il faudrait dédier une journée par an à renouveler notre vision collective. »

Le coeur de la GP réside dans la séparation du leadership et de la décision. Ceci demeure bien ancré au Coworking au travers de différentes sensibilités. Corinne est partisane d’un peu plus de verticalité quand Raphaël encourage une culture de l’écoute de tous. Ils se retrouvent sur le fait que la GP nécessite des règles clairement définies. 

Sylvain Lebosquain 

Ancien Membre du CA, Co-fondateur de La Belle Equipe

Texte publié dans le N°10 de la Revue des Tiers-Lieux éditée par La Coop’ Tiers-Lieux – Novembre 2022

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Apéros co-créatifs à Baraka

Apéros co-créatifs à Baraka
Coopérative Baraka

Mais, qu’est-ce donc que ces apéros co-créatifs, et Baraka ?

Baraka est une coopérative qui se définit comme un tiers-lieu de la Transition écologique. Il s’agit d’un lieu ouvert pour travailler, manger, partager et inventer un monde sobre en carbone, respectueux de la biodiversité et solidaire. Ce lieu se trouve à Roubaix dans les Hauts de France.

« L’apéro co-créatif » est un dispositif de rencontre innovant, imaginé et développé à Toulouse au sein de l’association Solidées entre 2011 et 2017 par votre serviteur et quelques-autres !

Et voilà que Laurent, membre fondateur de Solidées, a relancé cette belle idée à Baraka à Roubaix !

Bravo et Merci à Laurent et La coopérative Baraka.

Cabanes et innovation sociale ?

Cabanes et innovation sociale ?

Une étudiante en 3e année d’un DN MADE option innovation sociale m’écrit au sujet d’un projet requérant une vision par rapport au lien des cabanes avec l’homme et la nature.  En quoi aujourd’hui cela pourrait être une innovation sociale ?

 

Voici quelques éléments de réponse :

 

La relation entre l’humain et la nature est certainement l’enjeu majeur de ce moment ! et le lien avec l’innovation sociale existe bel et bien et est selon moi central. Pourquoi ?

A l’instart de nombreux chercheurs et scientifiques je pense plus largement que le modèle économique et social qui a fait fonctionner notre société occidentale jusque-là est condamné pour la raison simple que ce modèle surexploite et épuise les ressources naturelles et qu’il n’existe apparemment aucun moyen de le réguler efficacement.

L’enjeu collectif positif et mobilisateur qui nous attend est de construire un nouveau modèle qui prenne en compte les ressources naturelles comme la chose la plus importante, c’est à dire que nous ne prélevions jamais plus que ce que la nature peut renouveler.
Afin d’arriver à ce résultat, il est ultra nécessaire que chaque être humain Reprenne (très vite) conscience qu’il est une partie de la nature au même titre qu’un animal ou un arbre et donc qu’il comprenne que son équilibre de vie dépend de cela.
Cette reprise de conscience ne pourra intervenir que par des actions concrètes et sensibles sur le terrain et ces actions n’auront de sens, de poids et d’avenir que si elles sont collectives.
L’humain est d’ailleurs un être social et sensible doué d’empathie par nature ce qui devrait être aidant dans cette perspective !

L’innovation sociale, quant à elle, est une boîte à outils méthodologique qui facilite l’émergence de nouveaux produits, services, modes de distributions ou de gouvernance initié par et pour des collectifs et pour lesquels ni le marché, ni la puissance publique n’a pu fournir une solution satisfaisante.
Que font le marché et l’Etat/collectivités locales pour faciliter ce côtoiement entre l’humain et la nature ? Certainement pas assez de choses vu la situation dans laquelle se trouve notre planète actuellement !
L’innovation sociale apparait donc comme une approche possible pour permettre à des collectifs humains de monter des projets qui faciliteront cette réappropriation de la nature par l’Homme.

La cabane, quant à elle, pourrait apparaitre alors comme un moyen intéressant pour permettre aux humains de redécouvrir ce lien sensible avec le bois et les arbres qui sont de très précieux alliés pour la préservation des équilibres de nos éco-systèmes.

Voilà de façon très rapide pourquoi selon moi, le projet que vous portez pourrait faire sens et pourrait être inspirant.

Sur un plan plus pratique :
Il existe de nombreux collectifs, notamment dans le milieu des Oasis de l’ONG Colibris, mais pas seulement, qui œuvrent ainsi en vulgarisant des techniques d’éco-construction et/ou d’auto-construction à cette réappropriation de la nature par les humains via leur habitat et ce faisant découvrent ainsi de nouvelles façons de vivre et de faire ensemble. Il existe aussi tout un mouvement autour de la Tiny House qui va également dans ce sens.
Une autre voie d’accès à ce type de projets est la Permaculture (qui n’est pas qu’une méthode d’agriculture !) et qui là aussi via de nombreuses associations sur le territoire initie les gens à cette notion d’équilibre de vie entre la nature et l’homme.

Solidées – Quels apports à l’innovation sociale ?

Solidées – Quels apports à l’innovation sociale ?

Solidées : Quels apports à l’innovation sociale ?

 

Toutes ces années passées au service du rêve des autres m’ont permis d’apprendre beaucoup sur l’humain vivant dans une grande métropole française.

Tout d’abord son aspiration profonde à vouloir retrouver, du sens, du lien social et l’expression de ses valeurs, de ses motivations intrinsèques. Mais aussi l’aggravation continue du nombre de personnes en souffrance du fait de ces manques.

Jusque-là la société fournit un cadre clair pour aider ces personnes en quête de reconversion,  au travers de l’offre variée de dispositifs d’aide à la création d’entreprise ou d’aide à la reconversion professionnelle. Or comme on va le voir dans la suite, comment faire avec une société mondiale en pleine mutation dont les élites incarnent et maintiennent en place des valeurs qui sont maintenant majoritairement rejetées par des citoyens qui aspirent à un autre futur désirable, soutenable ou durable. Au-delà comment accueillir non plus des entrepreneurs, mi individu mi héro, mais des collectifs d’individus que rien n’a spécialement préparé à devenir entrepreneur mais qui veulent faire émerger de nouveaux produits ou services plus en adéquation avec ce futur dont ils rêvent et qui se veut souvent plus respectueux de l’Humain et de la Nature ?

Avec l’association Solidées, nous avons pu apprécier, année après année, le nombre de plus en plus croissant de ces citadins (toulousains) sensibles au besoin d’une nouvelle donne basée sur le respect de la nature, de l’Humain avec comme moyen pour y parvenir l’économie. Comme me l’ont dit un jour John Jordan et Isabelle Frémeaux, auteurs en 2011 d’un livre-film « les sentiers de l’Utopie« ,

De plus en plus de gens désertent ce modèle de société dévastateur. Vous avez prévu quelque-chose pour ces « déserteurs » ! Merci pour eux !

Solidées est parti d’un concept de partage d’idées de projets solidaires à « saisir », mais bien peu de ces projets ne trouvaient preneurs car dans le fond ils étaient pensés par d’autres. Or il apparait très difficile de porter un projet qui ne soit pas fondamentalement alignés sur ses propres valeurs. On peut au mieux y collaborer, y participer, mais rarement s’y investir comme « entrepreneur ».

Assez rapidement, il nous est donc apparu obligatoire de nous focaliser sur les êtres et leurs richesses personnelles afin de permettre à tous ces potentiels de s’exprimer et de s’interconnecter dans le but de faire naître de petits groupes projets. Comme ce fut le cas pour nous-mêmes, les fondateurs de Solidées.

A force de rencontres, d’échanges et de collaborations, nous avons co-élaboré une méthodologie simple, précise et efficace de (re)création de liens que nous avons nommé : Communication Co-Créative.

Cette forme de communication permet à chaque participant de disposer de temps où il va pouvoir exprimer qui il est et en retour recevoir une reconnaissance des autres participants. Ce faisant, il va tout à la fois être à même de prendre confiance dans l’expérience qu’il partage et s’ouvrir à celle des autres, qui que soit cet autre. Nous avons observé que plus les participants partagent leur expérience authentiquement et plus la capacité créative du groupe s’améliore. Cette communication est donc dite co-créative car chacun est responsable de part son authenticité vis à vis de lui-même de la « performance »créative globale du groupe.  La créativité collective qui en découle peut être mise au service de n’importe quelle cause juste. Nous avons décliné différents formats afin de répondre à plusieurs besoins fréquemment rencontrés par les personnes en reconversion professionnelle : Le besoin de s’entraider pour trouver des solutions à des problèmes matériels du quotidien, pour questionner, approfondir un concept d’activité sociale, solidaire, culturelle ou environnementale, pour rencontrer des partenaires, ou encore pour se former et partager des expériences sur des thèmes-clés de l’entrepreneuriat social.

Cette forme de communication est toujours au cœur de ma pratique aujourd’hui, bien que n’étant plus directement acteur de Solidées sur la ville rose aujourd’hui.

Une fois mise au point, nous avons pratiqué avec succès La Communication Co-Créative auprès de nombreux publics y compris auprès de ceux les plus en difficultés notamment grâce à l’intermédiation de la formidable association Silicon Deniers.

Les mois passant, 20% des participants revenant régulièrement à nos rencontres, chaque personne a pu amorcer pour lui-même : un début de réseau, une réflexion positive et bienveillante sur ce qu’il aimerait faire de son futur professionnel, et les premières solutions pour parvenir à passer à l’action et tout cela en permettant aux autres de faire de même.

Dès lors, Solidées remplit une fonction de pré-incubateur d’innovation sociale sur l’agglomération toulousaine. Cette position de pionnier a interpellé les collectivités et c’est ainsi que nous avons été invités à participer à la création des 2 incubateurs institutionnels Première brique et Catalis.  Ces derniers accompagnent régulièrement des anciens participants des ateliers Solidées, qui sont passés à l’acte !

Qu’elle débouche ou non sur un projet concrétisé d’entreprise sociale et solidaire, l’expérience des participants à Solidées est toujours positive et permet à chacun de franchir un cap dans sa reconversion ou sa transition professionnelle vers un futur plus désirable. Les nombreux témoignages recueillis vont tous dans ce sens. Le résultat est encore plus flagrant pour les membres actifs de l’association, c’est à dire celles et ceux qui se responsabilisent bénévolement et assurent le dispositif de rencontres.

Solidées se distingue de tous les réseaux et évènementiels de mise en relation par nombre d’aspects qui additionnés s’ancrent tout à la fois dans une tradition mais aussi dans l’innovation :

  1. La gratuité et le non subventionnement du modèle basé sur le don et le contre-don
  2. La garantie offerte à chaque participant qu’il pourra disposer d’un temps pour s’exprimer et être écouté de façon bienveillante
  3. La mixité de genre ainsi que la mixité sociale et générationnelle de chaque rencontre
  4. L’approche pair à pair des rencontres où chaque participant est aussi un accompagnant pour les autres
  5. L’appui d’outils de communication et de collaboration numérique simples et basés sur des logiciels libres

Ces caractéristiques simples et agiles, sont surement à l’origine de sa longévité, contrairement à d’autres dispositifs parfois plus élaborés qui soit se sont arrêtés ou tiennent avec l’appui de subventions publiques. Ainsi, nous avons partagé notre chemin de création avec une structure inspiratrice amie et lyonnaise qui s’appelait « District Solidaire« . Cette association aujourd’hui disparue a fait l’objet d’un travail de retour d’expérience détaillé pour le compte d’un Think Tank parisien qui met en lumière ce besoin de légèreté pour ces dispositifs d’innovation sociale. Ce qui constitue en soi une forme de paradoxe, car, rappelons-le,  le propre de l’innovation sociale est d’apporter une solution à une question à laquelle ni le marché, ni la puissance publique n’apporte de réponse satisfaisante. La complexité des questions à traiter amène naturellement et fréquemment une lourdeur dans les réponses élaborées. Il est souvent plus difficile de faire simple !

C’est ce qui est arrivé à District Solidaire en voulant d’emblée constituer un écosystème complet de citoyens consomm’acteurs qui participent et soutiennent par leurs achats et leur accompagnement bénévole tout le processus de création d’entreprise depuis  l’envie des postulants couplée au besoin du territoire jusqu’à la mise en place de l’activité et les premières commandes. Malgré une fin prématurée due à de nombreux facteurs bien documentés, ce dispositif a permis de faire naitre de belles activités telles que : 3 petits pois

Bien entendu, Solidées a souvent fait l’objet de critiques principalement sur 2 points :

Le manque de prévisions possibles quant aux résultats du dispositif en terme d’emplois ou d’entreprises crées et l’absence d’accompagnement personnalisé et individualisé. Ces critiques sont justifiées si l’on regarde le côté utilitariste d’une telle association. En revanche ces « défauts » sont autant de qualités si l’on pose au premier plan le côté humaniste et écologique de cette structure.

En effet, la plupart des dispositifs d’aide à la reconversion où à l’innovation sociale étant financés par des tiers privés ou publics, comment imaginer que les intérêts et la politique de ces financeurs n’orientent pas in fine la forme et le fond des ateliers et des formations proposées qui donc s’attachent trop rarement à l’être qu’est le créateur ou plus encore le groupe d’innovateurs. Si l’accompagnement d’un individu créateur d’entreprise est bien connu et dispose d’une offre large, que dire de l’accompagnement d’un groupe de créateurs qui sont à la base des innovations sociales que nous connaissons ? Répondre à cette demande nécessite une connaissance fine des mécanismes de coopération ainsi qu’une compétence sur la facilitation de dispositifs d’entreprenariat en collectif. Sur ce chemin, je tiens à saluer la qualité du travail que nous avons effectué en collaboration étroite avec Catalis, l’incubateur d’innovation sociale de Midi-Pyrénées  qui accueille en 2017 sa 6ème et 7ème promotion d’innovateurs sociaux.

Avec Solidées nous avons clairement fait le choix de proposer une réelle innovation sociale dans la mesure où l’association garantit à chaque participant le respect de ses idées, de ce qui l’enthousiasme ou le fait rêver sans a priori utilitariste. Il s’agit pour nous d’offrir un cadre qui autorise les rencontres des imaginaires, et la co-création d’imaginaires communs sans arrières-pensées afin de donner une chance à de nouvelles graines pour de nouveaux possibles.

 

 

La solidarité au service des projets citoyens (version longue) from On passe à l’acte on Vimeo.